Une expérience pionnière sur la télésurveillance médicale des seniors

En raison d’un nombre élevé de patients âgés sur son territoire, le CHU de Limoges a décidé de mener une expérimentation unique en Europe afin de favoriser le maintien à domicile des patients. La télésurveillance à domicile des patients repose sur un travail collaboratif entre les gériatres hospitaliers, les médecins et infirmiers libéraux.

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Burger/Phanie

« Sur le Grand Limoges, nous avons une population vieillissante très importante avec des pathologies chroniques et associées », raconte le Pr Thierry Dantoine, responsable du service de médecine gériatrique au CHU de Limoges.

Dans le cadre de l’organisation de la filière gériatrique, l’équipe du service a souhaité réfléchir à la prévention des réhospitalisations et faire en sorte que le gériatre hospitalier puisse davantage aider les médecins et infirmiers libéraux dans la prise en charge des patients âgés. « Nous avons donc décidé d’un appui au travers de la télésurveillance à distance au domicile de patients polypathologiques, avec des capteurs connectés et nomades », rapporte le Pr Dantoine.

Pour faire partie de l’expérimentation, les patients doivent déjà avoir été hospitalisés depuis moins d’un an pour l’une des pathologies suivantes : hypertension artérielle, bronchite chronique ou pathologies respiratoires, diabète, insuffisance cardiaque, AVC, chutes à répétition, troubles de la mémoire et dénutrition.

Une fois le patient sélectionné, l’équipe mobile de gériatrie, composée d’un gériatre et d’une infirmière se rend au domicile du patient afin de mener une évaluation gérontologique globale pendant 1 h 30 environ.

« La partie infirmière consiste à recueillir des données sur le mode de vie sociale, le niveau d’étude, l’aide humaine à disposition du patient ou encore les données nutritionnelles », rapporte Marie-Jeanne Verger, infirmière référente Icare. Et d’ajouter : « je m’intéresse également à la grille d’autonomie avec le Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle (SMAF). Ensuite, je laisse la parole au gériatre qui fait un point sur le traitement, réalise le bilan cognitif ou encore la mesure des risques de chute. »

Surveillance

En fonction des résultats, les attachés de recherche clinique décident du groupe auquel vont appartenir les patients. Certains vont en effet recevoir une surveillance classique sans changement, tandis que les autres vont bénéficier de l’appui gériatrique ainsi que la télésurveillance. Ils sont alors équipés d’un kit composé de différents capteurs pour le pouls, le poids, la tension, la glycémie et la saturation.

Les attachés de recherche forment l’infirmière libérale du patient, qui intervient au domicile dans le cadre de la démarche de soins infirmiers (DSI), à l’utilisation des capteurs. Ces derniers renvoient les données cliniques du patient dans un logiciel, e-géropass. Le gériatre ainsi que le médecin et l’infirmier libéraux peuvent y avoir accès par l’intermédiaire d’une plateforme.

« Lorsque le gériatre observe des signes de décompensation, il contacte alors le médecin et l’infirmière afin d’anticiper les risques, faire une prescription ou des préconisations », explique le Pr Dantoine. Et d’ajouter : « Il s’agit de prendre les décisions le plus rapidement possible afin d’éviter que la nouvelle décompensation entraîne une réhospitalisation. Nous faisons de la télésurveillance chronique, ce qui implique une connexion pour voir les données, nous ne recevons pas d’alerte. Mais si l’infirmière libérale constate un problème, elle peut tout de suite nous prévenir. »

Résultats

« L’objectif de l’expérimentation est, en comparant les deux groupes, de montrer que grâce à cette télésurveillance, le nombre d’entrées aux urgences diminue, tout comme le taux de réhospitalisation », souligne Caroline Gayot, attachée de recherche clinique.

Nous voulons modéliser l’acte infirmier et l’acte médical pour voir si nous ne pouvons pas les optimiser davantage

L’équipe va également mener une évaluation médico-économique, et évaluer l’acceptabilité de cette technologie par l’ensemble du personnel qui le prend en charge. Cette expérimentation vise aussi à valoriser la fonction de l’infirmière libérale avec la DSI.

« Nous voulons modéliser l’acte infirmier et l’acte médical pour voir si nous ne pouvons pas les optimiser davantage », conclut le Pr Dantoine. Le projet qui a commencé en septembre 2014 se déroule dans toute la région du Limousin et dans le Loir-et-Cher. Pour le moment, 300 patients sont inclus, et l’objectif est d’atteindre 536 patients au 31 août 2015. L’expérimentation se tiendra jusqu’au 31 août 2016 et les résultats seront communiqués d’ici la fin 2016.

Laure Martin
Article paru dans le numéro 17 (juin 2015) d'ActuSoins Magazine. Pour recevoir ActuSoins magazine chez vous (trimestriel), c'est ICI

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Réactions

1 réponse pour “Une expérience pionnière sur la télésurveillance médicale des seniors”

  1. Enfin, un réel progrès qui laisse espérer une vie à domicile le plus longtemps possible pour les personnes âgées ! Un exemple à suivre et à mettre en pratique dans d’autres régions de France.

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