Le vote en faveur du « Brexit » est le symptôme d’une profonde panne du projet européen. Tous en conviennent. « Aujourd’hui, c’est l’histoire qui frappe à notre porte, ce qui se joue c’est la dilution de l’Europe », a reconnu le président français, François Hollande, à l’Elysée, vendredi 24 juin. La chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin a, sur le même ton, souligné que « ce jour est une césure pour l’Europe et son processus d’unification ».
« Cette maison doit être rénovée, elle peut être réparée, mais c’est notre maison », a pour sa part déclaré le président du conseil italien, Matteo Renzi. Les trois dirigeants s’entretiendront lundi 27 juin à Berlin, où les ministres des affaires étrangères des six pays fondateurs (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Italie) devaient se rencontrer dès samedi.
Déjà ébranlée par la crise de l’euro, puis à l’été 2015, par celle des réfugiés, l’Union européenne (UE) se trouve aujourd’hui face à un défi sans précédent. Depuis soixante ans, la construction communautaire était toujours allée de l’avant, malgré des malaises récurrents, jusqu’à intégrer vingt-huit pays. Pour la première fois, cette dynamique s’inverse. Si le Royaume-Uni a toujours eu une place à part dans l’UE, le départ de ce pays – cinquième économie mondiale et deuxième économie de l’Union européenne – l’affaiblit aussi considérablement sur le plan diplomatique et militaire.
Le projet européen est-il aujourd’hui menacé ?
La sortie d’un pays membre de l’UE, même s’il ne figurait pas parmi les six fondateurs de la Communauté économique européenne (CEE), même s’il a collectionné les dérogations (à la zone euro ou à Schengen) et même s’il a souvent ralenti – voire bloqué – le processus de la construction européenne, suscite la stupeur.
Personne, à ce stade, ne paraît en mesure de dire si l’un ou l’autre dirigeant sera capable d’impulser ce que tous décrivent comme d’impérieuses nécessités : une refondation du projet et la restauration de la confiance des opinions publiques, tentées par le repli et un populisme qui agrège l’europhobie, la critique des élites, la peur de l’étranger et la crainte de la mondialisation. « Face à des citoyens à qui elle ne parle plus depuis plus de vingt-cinq ans, l’Europe doit faire la preuve de son utilité », résume Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman.
Dans son intervention, le président français a certes rappelé que « pour aller de l’avant, l’Europe ne peut plus faire comme avant », évoquant des initiatives à prendre dans les domaines de la sécurité, la protection des frontières, l’investissement pour la croissance et l’emploi, le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance.
Il vous reste 69.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.