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« En pèlerin de la paix », le pape visite le quartier musulman de Bangui

Arrivé dimanche en Centrafrique, point final de sa tournée sur le continent, François s’est rendu lundi au PK5, un quartier musulman de Bangui qui cristallise les tensions entre communautés.

Par  (contributeur Le Monde Afrique, Bangui)

Publié le 30 novembre 2015 à 17h27, modifié le 30 novembre 2015 à 17h35

Temps de Lecture 3 min.

Le pape François à Bangui, le 30 novembre 2015.

Quatre heures du matin, à la mosquée centrale de Bangui. Le muezzin fait résonner l’appel à la prière. Les déplacés, réfugiés depuis des mois dans l’enceinte du bâtiment se réveillent doucement. Ce matin, c’est un peu spécial. Dans moins de trois heures, le pape François sera là. Les banderoles sont déjà déployées depuis une semaine dans le quartier musulman du PK5. Un quartier fantôme, soumis au blocus des anti­-Balaka (des miliciens majoritairement chrétiens et animistes). La route qui relie le centre-ville au PK5 est devenue depuis un mois un no man’s land, symbole de l’enclavement de ce quartier et de l’exclusion de sa population essentiellement musulmane. Les affrontements autour de cet arrondissement sont réguliers.

Toute la nuit, des soldats burundais de la Minusca ont veillé sur la mosquée, avant d’être rejoint sur les coups de 5 heures par plus d’une centaine de casques bleus venus à leur tour sécuriser la zone. Quelques-uns montent sur les minarets, les autres bouclent le quartier. Pour éviter toute surprise, la Minusca et les organisateurs ont souhaité inclure dans le dispositif de sécurité les jeunes des différents groupes d’autodéfense du quartier. Ceux-là même qui sont plutôt prompts à tirer sur les chrétiens qui s’aventureraient un peu trop près du PK5.

Dans l’enceinte de la mosquée, c’est l’effervescence. Parents et enfants se parent de leurs plus belles tenues et peaufinent des bouquets de fleurs. Ali Hissène, 8 ans, est tout excité par l’événement. « Moi, je veux pouvoir aller dans tous les quartiers. Les pillages, les tueries j’en ai marre. Moi je veux seulement la paix », répète-­t-­il à qui veut l’entendre.

« En pèlerin de la paix »

Sa mère, assise un peu plus loin devant un feu de charbon renchérit : « Le pape François va venir désenclaver notre quartier. Il vient faire un miracle. » 7 h 30. Le pape arrive debout dans sa papa­mobile entouré par des gardes du corps. François se dirige directement vers l’intérieur de la mosquée, se déchausse et écoute le prêche de l’imam. Avant de prendre la parole à son tour en dénonçant l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques.

Puis le voilà reparti dans sa papa­mobile, direction l’école Koudoukou. Une piste d’athlétisme fait le tour de la cour de récréation. François emprunte les couloirs, pourchassé et acclamé par une foule en délire de plusieurs milliers de personnes. Ses gardes du corps courent à côté de la voiture, repoussent ceux qui voudraient s’en approcher un peu trop. Le pape lui, salue de la main et sourit, comme amusé de voir son service de sécurité malmené. « Je suis venu ici en pèlerin de la paix », n’a cessé de répéter le souverain pontife depuis son arrivée dans le pays, dimanche.

Dimanche justement, le pape a visité un camp de déplacés, fendant la foule de la même manière pour embrasser des enfants et bénir des infirmes. Avant de se rendre à la cathédrale de Bangui pour ouvrir la « porte sainte ». « Concrètement, le pape va pousser les battants de la cathédrale pour ouvrir une porte sur le cœur de Dieu », expliquait il y a quelques jours Monseigneur Dieudonné Nzapalainga. Tous ceux qui franchissent ensuite cette porte après le pape peuvent se voir accorder le pardon. Et ils étaient nombreux, massés devant l’édifice dimanche soir, espérant apercevoir le pontife.

20 000 personnes dans le stade

Après avoir prononcé la messe, François a confessé cinq personnes avant de se retirer pour laisser place à une veillée. Malgré le couvre-feu, en vigueur à Bangui depuis les violences de fin septembre, les fidèles sont restés jusqu’au petit matin devant la cathédrale pour prier, chanter, simplement s’amuser. « Cela faisait si longtemps que je n’avais pas vu Bangui comme ça », s’exclame Patrick, un habitant du quartier de Lakouanga.

Dimanche, il n’y avait guère que des chrétiens à la cathédrale. Mais ce lundi, la venue du pape au PK5 a rouvert l’accès au quartier musulman. Peu après son départ, des centaines de personnes des deux communautés se croisaient à pied sur l’avenue Boganda pour se rendre au stade pour la dernière messe papale. Des dizaines de moto taxi surexcitées jouaient du klaxon en slalomant entre les voitures, sous l’œil quasi­ abasourdi des soldats de la Minusca, dont le QG est situé sur la route qui relie le PK5 au centre-ville.

Plus habitués au bruit des grenades et des rafales de kalachnikov sur cet axe qu’aux hurlements de joies et des crissements de freins. Au stade de Bangui, le pape entouré de l’imam Oumar Kobiné et de l’archevêque Dieudonné Nzapalainga a conclu son office en faisait scander aux 20 000 personnes présentes dans le stade « Amen ». Repris en chœur par les milliers de fidèles massés à l’extérieur.

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