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Les seniors français parmi les moins heureux d'Europe au travail

Moins de 40% des salariés de plus de 55 ans se disent souvent heureux au travail, contre 71% des seniors hollandais. Ils regrettent que les entreprises ne les aident pas plus à se former.

Malheureux comme un senior en France. Les salariés de plus de 55 ans apprécient peu les dernières années qu'ils passent sur le marché du travail, confirme un sondage réalisé par Ipsos pour Edenred et paru en début de semaine. Seuls 39% des seniors encore en emploi se disent en effet «souvent heureux au travail», alors qu'ils sont 71% à afficher leur satisfaction aux Pays-Bas, 54% en Suède et près de la moitié en Allemagne. Seule la République tchèque fait moins bien que la France, avec moins d'un senior sur trois satisfait. Pourtant, une fois passés les 55 ans, les Français restent en moyenne bien moins longtemps en emploi que la plupart de leurs voisins européens.

Les seniors français formulent plusieurs griefs à l'égard de leur employeur, mais ils regrettent surtout que leurs compétences soient peu entretenues et valorisées. 61% d'entre eux jugent insuffisante l'action de leur employeur en matière de formation et de transmission des compétences. A contrario, aux Pays-Bas, quatre salariés sur cinq se disent satisfaits! Il faut dire que les seniors français bénéficient clairement moins des actions de formation financées par les entreprises que leurs jeunes collègues. Selon l'Insee, le taux d'accès à la formation revient de 61% entre 25 et 34 ans à un tiers à partir de 55 ans. Ils jugent aussi que leur hiérarchie ne s'intéresse pas suffisamment à leur bien-être au travail, contrairement, par exemple, aux Britanniques. Moins d'un senior sur trois porte un jugement positif sur sa qualité de vie au travail, contre deux Finlandais sur trois.

Les seniors de plus en plus touchés par le chômage

Longtemps encouragés à partir en partir à la retraite avant l'heure, les seniors français se sentent encore mal-aimés dans l'entreprise. Ils ont des raisons de le croire. La disparition progressive des dispositifs de préretraite et le recul de l'âge de départ ont fait grimper leur taux de chômage. Les salariés âgés de 58 ans sont sur-représentés parmi les signataires des ruptures conventionnelles. Mais une fois sortis du marché du travail, ils ont toutes les peines à y rentrer à nouveau. Leur taux de chômage atteint désormais 7%, contre 4,1% en 2008. Dans une note récente, l'OCDE s'alarmait que moins de la moitié des seniors français passent directement de l'emploi à la retraite. Les autres connaissent à la fin de leur carrière une période de non-emploi, souvent de longue durée...

En France, les employeurs jugent en effet toujours «la population des seniors plus coûteuse pour une entreprise et potentiellement moins adaptée aux évolutions technologique», explique l'institut Montaigne. D'autres pays ont pris des mesures énergiques pour éviter cet écueil. En Suède, l'embauche d'un senior chômeur de longue durée est par exemple financée par l'Etat à hauteur de 75%. En Finlande, le gouvernement a lancé dès 1998 une campagne de communication très efficace, valorisant les qualités des seniors autour du slogan: «L'expérience est une richesse nationale». Les entreprises y sont également encouragées et accompagnées lorsqu'elles embauchent un senior.

L'échec des contrats de génération

En France, le contrat de génération, promesse de campagne de François Hollande, visait le même objectif. Les entreprises de moins de 300 salariés bénéficient d'une aide de 4000 euros si elles lient l'embauche d'un jeune au maintien dans l'emploi d'un senior. Mais le dispositif, sur lequel le gouvernement remet un coup de projecteur cette semaine, est un relatif échec: en deux ans et demi, seules un peu plus de 51.000 aides ont été distribuées, alors que le gouvernement visait 75.000 contrats signés pour la seule année 2013. Dans 10% des cas, le senior concerné par le contrat de génération n'est d'ailleurs autre que le chef d'entreprise lui-même. La complexité du dispositif, ainsi que la faiblesse de l'aide accordée comparée à la contrainte d'embaucher un jeune en CDI, auront fait fuir les entreprises.

L'OCDE recommande plutôt de rendre la rupture conventionnelle moins attractive, d'accompagner davantage les seniors au chômage ou encore de réformer la formation professionnelle en leur faveur, de façon à doper leur employabilité. L'année dernière, le gouvernement a annoncé un nouveau plan senior reprenant une partie de ces mesures. Mais dans un contexte budgétaire contraint, seuls 150 millions d'euros y ont été consacrés.

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36 commentaires
  • Madame de Craquette

    le

    comme si les plus de 55 ans voulaient se former. Je suis formateur en langues et je constate simplement que la majorité de ceux qui commencent les formations en langue dans la tranche d'âge 55-65 ans abandonnent après quelques cours : trop dur, pas de méthode, manque d'étude flagrant,... Fainéantise surtout, manque de courage...Donc faut pas se moquer du monde et dire que 40% sont pas heureux à cause du manque de formation.

  • MFKA001

    le

    Etre chef est un métier difficile que peu de cadres sont aptes à assumer. Les diplômes actuels ne préparent pas à cette tâche.