Des seniors souvent dénutris dans les maisons de retraite

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avec agences
DANGER ALIMENTAIRE - Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, les personnes âgées souffrent de dénutrition dans les Ehpad. 

L’UFC-Que Choisir a mené une enquête sur l’alimentation dans les maisons de retraite. Et selon leurs résultats, 38% des résidents des Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) seraient en situation de dénutrition.

Que-Choisir-Avril

Des dîners servis à 18h. Les résultats de l'analyse des menus de 88 Ehpad de 49 départements sont publiés dans le numéro d'avril de la revue Que Choisir (en photo) et sur le site de l'association. Premier constat : "les horaires du personnel priment sur la bonne alimentation des seniors". Ainsi, le goûter est servi à… 14h30 dans l’Ehpad "Rouveyrol" d’Aubenas, dans l’Ardèche. A Laval (Mayenne), les résidents du "Rocher fleuri" dînent à… 18h. Les conséquences sont désastreuses puisque "la période de jeûne durant la nuit est bien trop longue", explique l’UFC-Que Choisir.

Des économies plutôt inquiétantes. En menant cette enquête, l’UFC-Que Choisir s’est rendu compte "qu’aucun établissement ne respecte l’ensemble des critères d’équilibre nutritionnel". Dans la maison de retraite "Les Cèdres" à Valence, les séniors n’ont le droit à de la viande rouge qu’une seule fois par mois. Au lieu de bons produits, les Ehpad privilégient fréquemment les "préparations industrielles" (nuggets, burger, cordon bleu). "La qualité nutritionnelle pâtit de considérations économiques, avec un déficit de poisson, de viande rouge non hachée et de fruits frais", assure Olivier Andrault, chargé de mission pour l'association.

Maison retraite 640

© NICOLAS TUCAT / AFP

Les visites de diététiciens se font rares. Dans les Ehpad, "le budget consacré à l'achat des aliments (entre 330 euros et 400 euros par mois suivant le mode de gestion) n'est pas suffisant", assure Olivier Andrault. Selon plusieurs études, "il faudrait compter au moins 1,70 euro par repas. On est loin du compte". Le suivi nutritionnel est aussi insuffisant : seuls 7 établissements sur les 88 font intervenir chaque mois un diététicien. Dans 63% des cas, c'est une fois par an, voire moins...

Une enquête pour alerter les pouvoirs publics. L’association de consommateurs publie cette enquête au moment où le projet de loi de Santé est discuté à l’Assemblée nationale. "La dénutrition est un enjeu de santé publique qui se développe dans un océan d'indifférence de la part des pouvoirs publics", s'indigne Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir. Pourtant, ces carences alimentaires entraînent des pathologies graves chez les personnes âgées : déficits immunitaires, escarres, infections, chutes, fractures et risque de mortalité multiplié jusqu'à huit.