Y a t-il une tablette pour sauver l’avion ?

Après les PC qui sont en mauvaise santé et qui ne font pas franchement preuve de l’audace nécessaire à un redressement de cet état, c’est au tour du marché tablettes d’accumuler les trimestres de décroissance. Les dernières prévisions font état d’un déclin de presque 10% sur l’année 2016. Ce qui signerait une baisse des ventes sur deux années consécutives depuis 2014.

En ce moment, j’ai l’impression d’écrire des billets pour une série apocalyptique. Les PC vont mal, les tablettes ne sont pas non plus en grande forme et personne ne semble avoir de solution pour améliorer la situation. A vrai dire, hormis le marché des Mini-PC classiques qui fleurissent et qui font preuve de la fougue de la jeunesse à explorer des tonnes de solutions, tout va mal.

Une tablette hybride 8.9 pouces chez Thomson

Une tablette low-cost avec un clavier, c’est ça l’avenir ?

C’est d’autant plus étonnant que le marché de la tablette est jeune, sa croissance a débuté en 2010 et a grimpé de manière impressionnante pour atteindre plus de 200 millions d’unités en 2013, accélérer encore en 2014 et… retomber ensuite mollement. Attention, le temps est certes maussade mais pas à l’orage, il se vendra encore probablement plus de 200 millions d’unités cette année. Mais cela montre bien que les ventes sont déjà arrivée sur un plateau et que l’équipement actuel est bien installé.

Un des problèmes majeurs pour les fabricants est lié au renouvellement des tablettes. Comme pour le PC, les foyers sont déjà équipés de ce type de dispositif et aucune raison majeure ne les pousse à changer de machine. A la différence des smartphones qui équipent les gens au singulier, la tablette a souvent une vocation familiale, un déploiement autour de foyers et de tâches variées suivant l’heure de la journée. Quand un particulier va préférer un smartphone pour son aspect ou sa performances, voir pour des fonctionnalités annexes, il n’aura pas les mêmes exigences pour sa tablette. Le premier profitera de nouvelles normes réseau 4G par exemple, la seconde n’aura pas de raison d’être modifiée.

Minimachines

Ce qui fait qu’une tablette arrivée en 2013 dans une maison, si elle savait déjà surfer correctement, devrait être encore tout à fait capable de le faire en 2016. Le souci rencontré en général par ces engins vient plus de la saturation de la mémoire et de l’obsolescence programmable. Celle qui est liée à une  version du système qu’il est impossible d’atteindre par exemple. La tablette a un taux de renouvellement désormais comparable à celui du PC, 4 ans environ, ce qui laisse à croire que le marché va continuer de pédaler dans le vide pendant encore quelques temps. Pas de croissance prévue avant 2018 d’après IDC. Une date bouledecristalienne qui n’engage que ceux qui y croient.

L’autre effet de cette stagnation des ventes, voire de ce recul, c’est la mise en concurrence des marques. Avec un accès aux mêmes composants, il est difficile de se démarquer. La solution la plus simple est donc de rogner ses marges.  La vente de tablettes entrée de gamme a ainsi permis de baisser encore le prix moyen des tablettes. Le prix moyen d’un équipement de moins de 9 pouces était de 183 dollars en 2015. Bien moins que pendant la période de croissance de 2010 à 2014… IDC estime que ce tarif devrait reculer encore dans les années à venir… ce qui n’est pas forcément très encourageant d’un point de vue innovation.

Surface Pro 4

Le clavier de la méduse.

Sans clavier point de salut, l’arrivée des modèles hybrides est la seule lueur d’espoir dans ce monde morose. Ce sont ces dispositifs qui poussent le plus les gens à renouveler leurs parcs. Parce qu’elles remplacent alors deux périphériques, ultraportable et tablette, ces dispositifs ont la cote. Leurs tarifs baissent puisqu’ils se démocratisent et que de plus en plus de constructeurs proposent désormais des solutions sous Windows, iOS et Android.

Un élément qui prouve bien que le marché est attentif et peut redonner des signes de croissance si on lui propose du neuf, de bonnes raisons d’investir. Les détachables sont un exemple flagrant de cette réactivité des acheteurs qui jugent la production actuelle trop morose. Pour séduire à nouveau un marché déjà occupé, il faut apporter des idées… ou baisser drastiquement les tarifs.

Dell Venue 8 Pro

Une tablette Dell sous Windows 8.1, vendue rapidement sous les 80€…

C’est l’autre versant de cet avenir de la tablette qui vise désormais très largement les marchés émergents1. Pays où l’investissement que représente un ordinateur classique est difficile. Le prix est généralement trop élevé par rapport à une tablette très entrée de gamme, la place nécessaire  l’emploi d’un ordinateur et le risque de disparition de celui-ci est également problématique. Enfin, les infrastructures globales font qu’il n’est pas évident de posséder un accès au réseau chez soi. Il faut pouvoir déplacer sa machine pour en profiter. Autant de raisons qui font que beaucoup de gens préféreront encore longtemps un smartphone ou une tablette à tout autre forme d’outils.*

Les analystes estiment donc un retour à la croissance pour les tablettes en 2018, grâce aux solutions hybrides et aux pays en voie de développement. En espérant que d’ici là d’autres idées germent dans la tête des constructeurs. Il y a pourtant de quoi faire.

Source : BusinessWire

Notes :

  1. Les pays pauvres n’intéressaient pas les industriels tant que les tablettes se vendaient à prix d’or. Il n’y a là aucun intérêt caritatif, juste du bon vieux business classique.

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21 commentaires sur ce sujet.
  • 8 juin 2016 - 10 h 06 min

    Faut aussi constater que l’offre est très peu cohérente. Hors chinoiseries, on a des équipements vraiment moyennasses qui donnent pas envie à coup de 16 Go de stockage et de processeurs de 2 ans d’age.

    Le cahier des charges semble avoir été bien plus facilement compris par (encore) les chinois.
    8-9 pouces, proc à tout faire qui tient la route, de l’espace, du slot SD et du DualOS avec un Windows très présent.

    Le bas blesse souvent sur la partie MAJ Android, car pour l’avoir vu dernièrement, sur Windows même un Chuwi arrive à proposer des MAJ de drivers pour corriger des bugs…

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  • 8 juin 2016 - 10 h 09 min

    @Khelben: Oui, la frilosité des marques est leur principal handicap…

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  • 8 juin 2016 - 10 h 33 min

    ‘LLo,

    Globalement, qui eut cru qu’à vouloir mettre le « paradigmitique » clavier au rencart, celui-ci reviendrait par la fenêtre (& avec une béquille en + des fois ;-)) en « morosifiant » le marché de la sorte ?
    & on dit merci qui (rip quand même..)?

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  • 8 juin 2016 - 10 h 47 min

    Sans clavier, point de salut en effet…
    Les hybrides 2 en 1 il n’y a que ça de vrai.

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  • 8 juin 2016 - 11 h 08 min

    @fassil: Renier le clavier c’est renier notre morphologie, ça passe assez mal en fait.

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  • 8 juin 2016 - 11 h 18 min

    @Pierre: Ouaip, ou métaphoriquement c’est comme écrire avec un doigt sur le sable ou sur une vitre embuée -> manque un outil intermédiaire !

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  • chp
    8 juin 2016 - 11 h 35 min

    2 constats :

    1) Comme dit dans l’article, je vais pas changer ma tablette Tegra 4 encore très performante d’il y a 2 ans et ma tablette ACER sous windows tout aussi suffisante et bien équipée vielle de 1 an juste pour faire plaisir aux constructeurs…

    2) Je scrute le marché et je constate, à l’inverse de ce qui à été dit, un appauvrissement des choix : hormis un peu plus de puissance, on trouve de moins en moins des produits qui intègrent, simultanément, des GPS, des sorties HDMI, des eMMC performants, des batteries permettant une autonomie de 12H, de la qualité des matériaux…. tout ça pour réduire les coûts mais vendus tout aussi cher.

    Bref, en ce moment, rien ne me fera changer de mes 2 tablettes.

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  • 8 juin 2016 - 12 h 12 min

    à moins de vouloir un PC portable sous Xeon pour un usage particulier il n’y a pas beaucoup de raisons de renouveler l’engin à chaque nouvelle génération de processeurs, ça fait déjà 6 ans que certains embarquent des Core i7 qui tournent encore très bien.
    Et demander aux gens presque 200 euros pour avoir un clavier mou et en carton c’est abuser.

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  • 8 juin 2016 - 12 h 31 min

    Quand google va installer android market sur chrome OS , il n’y auras plus de débat , ca sera la machine parfaite pour tous les usages , et tous les prix .

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  • 8 juin 2016 - 12 h 57 min

    @mike: exactement ! Vivement septembre…

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  • 8 juin 2016 - 12 h 59 min

    et en attendant, quelqu’un a essayé Remix OS 2.0 32 bit sur un eeepc 901 ? Je l’envisage sérieusement, même si j’ai peur d’être déçu par les performances de la bête… Enfin, on verra bien…

    Répondre
  • chp
    8 juin 2016 - 13 h 32 min

    @archeee:

    sur 901…. pas réussi (il parait que ça marche, si, si)
    sur 1005HA… ça beug à mort…

    en attente de RemixOS v3

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  • 8 juin 2016 - 14 h 01 min

    Je suis surpris de ne pas voir ChromeOS. A mon avis avec l’intégration d’Adnroid, des l’année prochaine la config intéressante c’est une tablette Chromoid, ne serait-ce que pour les MAJ à la Nexus.
    Perso j’attends des soldes sur la Pixel C, qui sera surement convertie a ca.

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  • 8 juin 2016 - 18 h 05 min

    @ Pierre et @ Fassil,

    Adopter le clavier, c’était déjà un peu renier ma morphologie, moi qui ai appris à écrire au crayon…

    pour l’utiliser au quotidien sur ma tablette Samsung, je peux affirmer que le stylet, (si la reconnaissance d’écriture est bonne) EST l’outil intermédiaire que vous cherchez…

    eria

    Répondre
  • 8 juin 2016 - 18 h 28 min

    @eria: Le crayon est parfait pour tout un tas de trucs… non informatiques. Maintenant le rayon sur une surface écran ou une surface capteur avec écran déporté, c’est vraiment autre chose.

    Répondre
  • 9 juin 2016 - 0 h 26 min

    Ah le concept tablet PC vainqueur sur la longueur.

    Stylet, j’écrirais ton nom… ä une seule main.

    Répondre
  • 9 juin 2016 - 4 h 34 min

    Jamais trop compris l’intérêt des tablettes. J’ai un hybride tablette avec clavier. Je ne m’en suis encore jamais servi en mode tablette… Même quand je ne fais que lire, sans écrire, je préfère garder le clavier, qui stabilise l’appareil en position lecture.

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  • 9 juin 2016 - 13 h 17 min

    Il faut dire que les gens qui ont besoin de tablette sont déjà équipés et ils ne vont pas forcément changer d’appareil constamment.
    Personnellement j’ai un PC sous Windows 7 qui répond à mes besoins plus une tablette Android 4.4 pour des usages totalement différents (multimedia et domotique).
    Pour cette année encore je ne vais remplacer mes appareils.

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  • 9 juin 2016 - 15 h 08 min

    Je reprends le stylet, histoire de refaire un peu sa promotion (en tout cas sur tablette…)

    Au début, on est bluffé, plus peut-être par le concept que par l’utilité réelle de l’objet. On essaie des tas d’applications censées l’utiliser au mieux, pour se rendre compte que ça marche plus ou moins bien, que ça m’apporte pas grand chose, sinon une application installée en plus, et que globalement on perd son temps.

    Vu que le stylet se loge dans le corps de la tablette, il est à portée de main immédiatement, et on n’hésite pas à le sortir pour l’utiliser à minima comme outil de pointage plus précis que le doigt ou bien pour rédiger du texte, vu que la reconnaissance de l’écriture manuscrite fonctionne très bien.
    Rien pour l’instant qui justifie le surcoût dû à cet équipement supplémentaire !

    Et puis, petit à petit, au gré des besoins, on se met à (re)découvrir des fonctionnalités VRAIMENT pratiques, surtout dans le domaine de la prise de notes, du croquis et de la mise en forme.

    Et plus on pratique, plus on progresse, plus on en demande .
    Je réalise maintenant que mon stylet est un outil performant et bien au point. Les limitations viennent essentiellement des applications qui n’ont pas été conçues pour interagir avec lui.

    Pour moi, le stylet apporte un plus indéniable dans l’usage que je fais de ma tablette. Bien sûr, je pourrais toujours m’en passer, mais je n’achèterai plus jamais une tablette qui n’en soit pas équipée.

    Mon expérience est basée sur une tablette Galaxy note 10.1 ed 2014 et son stylet e technologie WACOM.
    La pointe est fine (env. 1mm) et sensible. A part la taille un peu pette, ça s’utilise vraiment comme un stylo …

    eria

    Répondre
  • 9 juin 2016 - 15 h 50 min

    @eria: Idem sur une Galaxy Note 8 ;-) Quel dommage que cela ne soit pas systématiquement proposé avec toutes les tablettes, y compris celles sous Windows.

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  • 11 juin 2016 - 22 h 19 min

    Le pire c’est que l’offre s’est réduite à peau de chagrin : par exemple, il est difficile de trouver quelque chose de potable sur le marché pour remplacer une nexus 7 2012 qui arrive en fin de vie. Il ya encore un an l’offre était sensiblement plus riche. C’est désolant

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