A voix haute

Thierry Derez, Covéa : "La notion d’assurance au juste prix n’a aucun sens"

Face aux modes et tendances qui agitent aujourd’hui le monde de l’assurance – ubérisation, concentration, big data, guerre des prix, hiatus réglementaire et règles prudentielles –, le Pdg de Covéa, qui regroupe GMF, Maaf et MMA, garde la tête froide et le viseur pointé vers le long terme.

Thierry Derez, Covéa : "La notion d’assurance au juste prix n’a aucun sens" ©SIPA

Des multiples défis du moment que doit relever un assureur – l’entrée en vigueur de la loi Hamon, les nouveaux ratios prudentiels de Solvabilité 2, la généralisation de la couverture mutuelle au 1er janvier de cette année etc. – la mutation digitale, avec les incertitudes qu’elle soulève, n’est pas le moindre. Thierry Derez, à la tête du puissant groupe d'assurance mutualiste Covéa, aborde cette problématique avec circonspection. “Nous nous tenons prêts à toute évolution mais sans courir dans tous les sens sur le terrain”, précise-t-il en observant en particulier que pour l’heure, le potentiel d’exploitation du big data se heurte à un cadre réglementaire qui en limite singulièrement – et pour un bout de temps encore – l’utilisation. Il critique les tenants de “l’assurance au juste prix” pour qui ces données personnalisées permettraient de calibrer une tarification au cas par cas. “Un total non-sens mathématique et juridique, car l’individualisation est le contraire de la mutualisation”, cingle le professionnel.


Propos recueillis par Philippe Plassart

Pourquoi les mutuelles sont-elles si nombreuses dans le secteur de l’assurance ? La réponse tient en un mot : le temps. L’assurance, notamment pour les branches les plus importantes en termes de volume, est un métier qui porte des risques longs et des engagements qui peuvent être lourds. Une victime d’accident corporel, surtout si elle est jeune, sera indemnisée sur plusieurs décennies. Or les mutuelles, parce qu’elles ne sont pas assujetties au temps court, correspondent à un bon schéma pour gérer ces échéances. Ne subissant pas la pression d’actionnaires en attente de rentabilité de leurs investissements, les mutuelles d’assurances ont un rapport au temps différent, notamment pour mener des projets de long terme. En tout cas, elles peuvent se projeter plus facilement que les sociétés de capitaux ordinaires, ce qui constitue un avantage [...]

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6 commentaires sur “Thierry Derez, Covéa : "La notion d’assurance au juste prix n’a aucun sens"”

  1. Cher Président,

    je suis à présent expert près la Cour d'appel de Paris. Il y a un an, le TGI m'a désigné pour déterminer le "juste prix" d'une assurance que des plaignants estimaient excessif.

    J'ai refusé en expliquant à la présidente du Tribunal que le "juste prix", en assurance, n'existait pas en soi...

    bien à vous,
    Michel Crinetz

  2. Les bons économistes pseudo mathématiciens de la toulouse school of economics apprécieront... 🙂

  3. Merci Antoine pour ces utiles précisions.
    ( je pensais à tort que la "sélection" des clients n'était pas possible).
    Ph.P

  4. Bonjour, voici la suite de l'argumentaire
    Un des buts d'un assureur est d'avoir de bons risques. Pour cela plusieurs possibilités parmi lesquelles :
    - la sélection à l'entrée, dans ce cas le bigdata peut être utilisé pour améliorer la finesse du profilage client;
    - une meilleur prévention des risques (je sais que tel type de sociétaire, dans tel situation a plus de chance d'avoir tel type de sinistre), le big data ayant la potentialité de permettre l'utilisation de modèle plus fins, il devient possible "d'agir" sur le risque en amont avec des messages de préventions plus ciblé.

    L'essentiel des coûts de sinistres provenant d'une faible minorité des sociétaires, avoir des modèles de prévisions plus fins peut permettre d'optimiser ce ratio.

    Ceci étant, le bigdata n'est qu'un moyen, pas une fin en soi.

  5. Merci Antoine pour votre commentaire. Pourriez-vous s'il vous plait développer un l'argument pour qu'on le comprenne bien notamment plus concrètement sur l'aspect prévention versus réparation du risque et l"amélioration du business modèle de l'assureur ?
    Merci d'avance.
    Philippe Plassart

  6. Pour le big data, au delà de l'aspect tarification, il peut aussi servir à améliorer la prévention. Donc influer, peut-être, sur l'occurrence du risque. In fine sur la performance économique de l'assureur.