Mieux préparer sa retraite en répondant aux bonnes questions

Parler de la retraite en famille

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Par Dominique Burge

Ces questions, nous les avons posées à une famille du Hainaut occidental. Marie a 59 ans, elle était prof de gym et est aujourd'hui pré-retraitée. Michel a 60 ans, il était prof de sciences et vient de prendre sa pension. Quand nous sommes arrivés, Marie était dans l'ancien poulailler transformé en atelier de poterie et Michel, dans son jardin s'occupant de ses plants de tomates. Marie donne aussi des cours de gym à ses copines pour leur éviter des maux de dos et Michel, des cours de français aux étrangers, avec ou sans papier.

Le cadre est magnifique, la campagne est belle et le début de soirée ensoleillé. Ils avaient convié trois de leurs cinq enfants et six petits-enfants pour participer à ce petit jeu de cartes. Dans un premier temps, tous se regroupent autour du cerisier pour cueillir les derniers fruits. Les petits vont jouer dans le bac à sable et les grands se retrouvent autour de la table de jardin. Michel pioche une première carte.

Et si un jour, je dois entrer en maison de repos ?

Tout le monde rit, rit jaune, la question dérange un peu. Michel se lance: "Je voudrais inventer une nouvelle maison de repos avec des amis... qui serait celle où on ne prendrait pas pour un con, je pourrais écouter du rock and roll, je pourrais sortir quand je veux, voir des films récents...". Leurs enfants sourient et pourquoi ne les prendraient-ils pas chez eux ? La réponse fuse: "non, non... on viendra les voir, les prendre chez nous, non... j'ai pas envie d'avoir mon père, ma mère dans mon salon, tous les jours..."

Vous allez faire des travaux dans votre logement ?

Cette question leur va bien. Ils ont beaucoup réfléchi à ce qu'ils allaient faire de leur grande maison. Finalement, ils ont choisi d'y rester mais de transformer deux chambres en studio. L'objectif n'est pas de se faire un deuxième revenu mais de partager leur habitat avec un jeune couple qui aurait des difficultés à se lancer ou avec un retraité vivant avec une petite pension.

Le jeu comporte une cinquantaine de questions qui vous baladent dans toutes les sphères de la vie : santé, activités, budget, travail... et permet finalement d'exprimer des souhaits, des attentes, des regrets. Michel, par exemple, aurait aimé parrainer, bénévolement, un jeune collègue; il se voyait bien, dans le local de sciences, apporter son savoir-faire dans la réalisation d'expériences. Les enfants constatent l'agenda overbooké de leurs parents; ils en sont fiers mais certains auraient peut-être attendu plus de soutien dans la garde des petits-enfants. Marie et Michel les prennent un jour tous les quinze jours et dépannent quand l'un ou l'autre tombe malade. 

Quelqu'un est-il au courant de vos dernières volontés ?

"Ben non, répond Marie, on ne les a pas données... mais ça, ce n'est plus la retraite".  Michel en profite quand même pour signaler fermement qu'il ne veut pas d'une cérémonie au crématorium, il trouve ça glauque et veut de la bonne musique. De fil en aiguille, ce sont les enfants qui se mettent à parler de leur retraite; Quentin souligne la chance qu'ils ont de pouvoir prendre leur retraite si jeune; Martin n'attendra pas 65 ans, il trouvera une solution mais il prendra le temps de se poser et Maud qui a 34 et qui est maman de trois enfants soulève une question essentielle: "Est-ce que je vais devoir attendre ma pension pour faire ce que j'ai envie de faire ?  J'ai commencé l'accordéon et je n'ai pas le temps de le travailler; est-ce que je vais devoir attendre mes 65 ans pour reprendre l'accordéon ?". Finalement, le but du jeu est atteint: il n'est jamais trop tôt pour penser à plus tard.

Dominique Burge

La retraite : 1 Belge sur 2 n'en parle pas

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