Dans la nuit de dimanche à lundi, à 1h du matin, Gaëlle Bossard sera devant son écran. Cette jeune joueuse de l'ES Trois-Cités, à Poitiers, veut suivre la finale de la coupe du monde de football féminin, entre les États-Unis et le Japon. Âgée de 16 ans, Gaëlle joue déjà depuis neuf ans et fait partie des joueuses prometteuses d'un club qui ne manque pas d'ambition pour sa section féminine (lire ci-dessous).

"Il n'y a plus une image de garçon manqué"

Licenciée du même club, Nadège Raboisson, 35 ans, s'est elle aussi passionnée pour la coupe du monde. Joueuse de l'équipe première seniors et en charge de l'encadrement des U17, elle a commencé à jouer à 6 ans, puis a repris à 27 ans. « Mon père et mon frère jouaient, ça m'a donné envie. Je pense que c'est pareil pour tout le monde, quand on voit qu'on y arrive, on continue et on aime. Aujourd'hui, le foot féminin est entré dans les moeurs. On en parle plus, on voit des matches à la télé. Il n'y a plus une image de garçon manqué. »
Comme elle, Jean-Paul Blot, le coach responsable de la section féminine de l'ES Trois-Cités, sait que la coupe du monde aura des retombées: « A chaque événement, on a des jeunes qui arrivent, surtout des petites. » Elles grossiront les rangs de l'école de foot, qui existe ici de longue date. Dans l'agglomération de Grand Poitiers, les petites footballeuses pourront davantage jouer à la rentrée, car plusieurs clubs créent leur école de foot féminin: le Poitiers Football Club (c'est une obligation liée à la montée en CFA), mais aussi des clubs qui n'en ont pas l'obligation, comme Chasseneuil. Migné et Buxerolles auraient aussi des projets.
« Ça me tient à coeur depuis que je suis devenu président, il y a trois ans, souligne Christophe Martineau, au Sporting Club de Chasseneuil. Partout où on va le samedi, on croise toujours une ou deux gamines qui jouent avec les garçons. » Plusieurs après-midi dédiés aux filles ont été organisés, les mercredis de juin: « On a eu jusqu'à 16 filles, âgées de 7 à 16 ans. Pour la saison prochaine, on espère faire un entraînement spécifique pour les filles et monter une équipe U14-U17, et une équipe U10-U13 s'il y a assez de volontaires. Le club est prêt à mettre les moyens pour les déplacements. »
A l'Asac (Association sportive amicale des Couronneries), l'école de foot a été créée en 2008. En 2014-2015, elle comptait 16 filles de 5 à 16 ans. « La nouveauté cette année, c'est que les U10-U13 étaient engagées sur un championnat féminin interdistrict (Vienne et Deux-Sèvres) et ça s'est super bien passé, se réjouit Arnaud Augereau, dirigeant. Les petites, en U6-U9, jouent en mixité et il n'y a aucun problème. »

Besoin de moyens

Face à la création de nouvelles écoles, Arnaud Augereau est plutôt positif: « Le risque, c'est que les sections ne soient créées que pour répondre à une demande des instances fédérales ou des élus qui financent, et dans ce cas-là ça ne durera pas. Mais il y a une demande et un vrai potentiel du public féminin. » Cela induit néanmoins de nouvelles contraintes: « Lorsqu'on met en place un entraînement régulier, la demande des joueuses, c'est de faire de la compétition et s'il n'y a pas assez d'équipes, cela oblige soit à des déplacements, soit à jouer dans un championnat masculin. Il y aura aussi un problème de structures, pour avoir suffisamment de terrains et de créneaux. »