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Hollande au JDD : "Michel Rocard avait une conception de la politique d'abord intellectuelle"

VERBATIM - Jeudi, François Hollande va rendre hommage à Michel Rocard à l'occasion d'une cérémonie aux Invalides. Dimanche, le chef de l'Etat avait réagi pour le JDD à la mort de l'ancien Premier ministre. "C'était un homme de partis, mais pas partisan, un homme qui avait le sens de l'Histoire mais qui était pleinement dans l'avenir", a-t-il ainsi déclaré.

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François Hollande avec Michel Rocard en 2005.
François Hollande avec Michel Rocard en 2005. © Sipa

"La dernière fois que je l'ai vu, c'était lors de la remise de la Légion d'honneur à Pierre Soulages, il y a un mois. Michel Rocard était fatigué , mais parfaitement conscient. Soulages était son ami, il avait tenu à venir, il lui avait demandé de lui préparer une œuvre pour son départ. Il subissait des traitements lourds, il préparait avec beaucoup de lucidité, de courage et de sérénité ses derniers mois.

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Michel Rocard, pour ma génération, a été l'homme de l'autre gauche, de la deuxième gauche, celle des années 1960 plus utopiste que la gauche traditionnelle - il avait rompu avec la SFIO au moment de la guerre d'Algérie -, cette gauche plus en avance que celle qui s'était abîmée au pouvoir sous la IVe République. Puis après, il a été l'homme qui a voulu relever la gauche à la présidentielle de 1969. Et enfin, quand il a rejoint le PS, il a été l'homme qui voulait adapter cette gauche aux réalités économiques .

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"Michel Rocard regardait l'avenir comme une nécessité, pas le passé comme une nostalgie"

Michel Rocard, c'est un homme d'utopies, de rêves, de contestation d'un système mondialisé et en même temps un homme qui accepte le marché, l'économie. La deuxième gauche, c'est ce compromis-là, l'honneur de la gauche de porter un espoir et de faire que dans la réforme on s'adapte à la réalité sans la bousculer.

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Pour moi, il fut un homme capable de fulgurances, d'intuitions fortes, un homme qui avait une conception de la politique d'abord intellectuelle.

Quand il était premier secrétaire du PS, je me souviens de son obsession à chiffrer les congrès. Il m'avait expliqué qu'il fallait toujours s'inscrire dans l'Histoire, montrer qu'on avance. Il n'était pas homme à vouloir rompre avec l'histoire du socialisme. Il regardait l'avenir comme une nécessité, pas le passé comme une nostalgie.

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Je l'avais amené en avion en Islande, on allait voir les glaciers. Ses médecins ne voulaient pas qu'il voyage, mais il y tenait. Il me parlait de l'outre-mer, de La Réunion, du climat, de solutions archi-concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique. Il était toujours en mouvement, en perpétuelle réflexion.

Son horizon, c'était la planète, ce n'était pas quelqu'un qui se rétrécissait. C'était un homme de partis, mais pas partisan, un homme qui avait le sens de l'Histoire mais qui était pleinement dans l'avenir, un homme de techniques mais capable d'élargir, d'aller vers l'univers."

Source: JDD papier

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