Disparition du laotien Sombath Somphone, le silence perdure

Publié le 21.01.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Deux ans après, le silence perdure autour de la disparition forcée de Sombath Somphone. Les organisations de droit de l’homme demandent aux autorités laotiennes l’ouverture d’une enquête concernant sa disparition et celle d’autres disparitions forcées


Le 15 décembre 2014 a marqué le deuxième anniversaire de la disparition de Sombath. Ce dernier a été vu pour la dernière fois le soir du 15 décembre 2012, à Vientiane. Des enregistrements issus d’une caméra de vidéo-surveillance montrent que la police a arrêté le véhicule de Sombath au niveau d’un poste de police. Quelques minutes après, des individus non-identifiés l’ont forcé à monter dans un autre véhicule avant de démarrer. L’analyse des vidéos montre que Sombath a été enlevé en la présence d’agents de police, ce qui implique une complicité de la part du gouvernement.

En dépit des promesses de la part des autorités lao d’enquêter « de manière sérieuse et approfondie » sur la disparition de Sombath [[Vientiane Times, Police report on Sombath Somphone’s disappearance, 2 mars 2013]], leurs démarches sont restées jusqu’à ce jour insuffisantes et infructueuses.

Le 18 janvier 2013, 65 ONG ont soumis une lettre conjointe au premier ministre lao, Thongsing Thammavong, afin d’exprimer leurs préoccupations à propos de la disparition de Sombath.
Depuis lors, et malgré la multiplication des appels internationaux, y compris de la part de l’Union européenne, de parlementaires de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), des États-Unis et du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, le lieu de détention de Sombath reste inconnu et aucun progrès n’a été réalisé dans l’enquête visant à clarifier les circonstances de sa disparition.

De plus, les autorités ont rejeté plusieurs offres d’assistance technique pour analyser les enregistrements de la caméra de vidéo surveillance.

Depuis trois décennies, Sombath se battait sans relâche pour créer plus d’espace en faveur de la société civile et des droits des personnes vivant dans la pauvreté en milieu rural. Il se battait également pour que les jeunes puissent exprimer leur point de vue à propos du développement et du mode de gouvernance de la société lao.
Peu de temps avant sa disparition, Sombath a joué un rôle fondamental dans l’organisation du Forum des Peuples Asie-Europe (AEPF), un rassemblement de la société civile qui a précédé le Sommet Asie-Europe. Lors de cet événement, les questions de l’accès à l’eau et à la terre, et de la mauvaise gestion des fonds internationaux de développement, ont été discutées ouvertement pour la première fois au Laos.

La disparition forcée de Sombath n’est pas un incident isolé. Deux femmes, Kingkeo et Somchit, et sept hommes, Soubinh, Souane, Sinpasong, Khamsone, Nou, Somkhit, et Sourigna, sont également détenus par les autorités lao depuis novembre 2009 dans divers endroits à travers le pays. Personne ne sait où ils se trouvent. Ces neuf personnes planifiaient des manifestations pacifiques appelant à des réformes démocratiques et au respect des droits humains.
Personne ne sait non plus où se trouve Somphone Khantisouk, propriétaire d’une maison d’hôte éco-touristique et opposant critique aux projets agricoles financés par la Chine, qui entraînent des dommages environnementaux dans la province de Luang Namtha, au nord du pays. Il a disparu après que des hommes en civil l’aient enlevé en janvier 2007.

L’incapacité du gouvernement lao à mener des enquêtes effectives à propos de tous ces cas de disparitions forcées est en violation de ses obligations relatives à l’article 2(3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que le Laos a ratifié.
Le PIDCP stipule que les gouvernements doivent garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le Pacte auront été violés disposera d’un « recours utile », notamment en ce qui concerne le droit à la liberté et à la sécurité individuelle.

Nous appelons donc le gouvernement lao à :

  • Mettre en place une nouvelle commission chargée de mener jusqu’à son terme une enquête rapide, indépendante et impartiale à propos de la disparition forcée de Sombath, et assurer son retour en toute sécurité auprès de sa famille.
  • Identifier les personnes responsables de la disparition forcée de Sombath et les poursuivre en justice.
  • Mener jusqu’à leur terme des enquêtes indépendantes et impartiales à propos des autres cas de disparitions forcées.
  • Inviter au Laos le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires.
  • Ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
  • Respecter et protéger les droits de tous les défenseurs des droits humains, des activistes et des membres de la société civile.

Nous appelons en outre la communauté internationale, notamment les États membres de l’Union européenne, les États membres de l’ASEAN et les États-Unis, à :

  • Évoquer le cas de la disparition forcée de Sombath Somphone auprès du gouvernement lao dans le cadre de tous les échanges bilatéraux et multilatéraux avec ce dernier.
  • Appeler le gouvernement lao à libérer sans délais tous les prisonniers politiques et mener jusqu’à leur terme des enquêtes efficaces permettant de réunir, en toute sécurité, les victimes de disparition forcée à leur famille.
  • Exercer une pression politique et économique sur le gouvernement lao pour s’assurer qu’il mène des réformes garantissant le respect des principes essentiels des droits de l’Homme, en accord avec ses obligations internationales.

Signé par :

1. Alternative ASEAN Network on Burma (Altsean-Burma)
2. Armanshahr/OPEN ASIA, Afghanistan
3. ASEAN Parliamentarians for Human Rights (APHR)
4. Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA)
5. Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM), Inde
6. Boat People SOS
7. Burma Partnership
8. Bytes for All, Pakistan
9. Cambodian Human Rights Action Committee, Cambodge
10. Cambodian Human Rights and Development Association (ADHOC), Cambodge
11. Cambodian Volunteers for Society, Cambodge
12. Campaign for a Life of Dignity for All (KAMP), Philippines
13. CCFD-Terre Solidaire, France
14. Centre for Human Rights and Development (CHRD), Mongolie
15. Commission for the Disappeared and Victims of Violence (KontraS), Indonésie
16. Committee for Free and Fair Elections in Cambodia (COMFREL), Cambodge
17. FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme)
18. Front Line Defenders
19. Gender and Development Advocates (GANDA) Filipinas, Philippines
20. Globe International Center, Mongolie
21. Human Rights Commission of Pakistan (HRCP), Pakistan
22. Human Rights Defenders Alert, Inde
23. Human Rights Education Institute of Burma (HREIB), Birmanie
24. Human Rights Working Group (HRWG), Indonésie
25. Imparsial, Indonésie
26. Indonesian Legal Aid and Human Rights Association (PBHI), Indonésie
27. Indonesia Legal Aid Foundation (YLBHI), Indonésie
28. Informal Sector Service Center (INSEC), Népal
29. INFORM Human Rights Documentation Centre, Sri Lanka
30. Institute for Legal Consultation and People Advocacy of North Sumatera (BAKUMSU), Indonésie
31. ISchool-Myanmar, Birmanie
32. Judicial System Monitoring Program (JSMP), Timor Leste
33. Justice for Peace Foundation, Thaïlande
34. Knights for Peace, Int’l
35. Koalisi Perempuan Indonesia, Indonésie
36. Lao Movement for Human Rights (LMHR)
37. Law and Society Trust (LST), Sri Lanka
38. League for the Defence of Human Rights in Iran (LDDHI)
39. Life Skills Development Foundation, Thaïlande
40. Odhikar, Bangladesh
41. Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
42. People’s Empowerment Foundation (PEF), Thaïlande
43. People’s Solidarity for Participatory Democracy (PSPD), Corée du Sud
44. People’s Vigilance Committee on Human Rights (PVCHR), Inde
45. People’s Watch, Inde
46. Programme Against Custodial Torture and Impunity (PACTI), Inde
47. Sawit Watch, Indonésie
48. Sehjira Deaf/HoH Foundation, Indonésie
49. Society for the Protection of the Rights of the Child (SPARC), Pakistan
50. Solidarity for Asian Peoples’ Advocacies Working Group on ASEAN (SAPA WG on ASEAN)
51. South East Asian Committee for Advocacy (SEACA)
52. Southeast Asian Press Alliance (SEAPA)
53. Suara Rakyat Malaysia (SUARAM), Malaisie
54. Taiwan Association for Human Rights, (TAHR), Taïwan
55. Task Force Detainees of the Philippines (TFDP), Philippines
56. Think Centre, Singapour
57. Thinzar Shunlei Yi Myanmar, Birmanie
58. Timor Leste National Alliance for International Tribunal (ANTI), Timor Leste
59. Union for Civil Liberty (UCL), Thaïlande
60. Vietnam Committee on Human Rights (VCHR)
61. WomanHealth Philippines, Philippines
62. Yayasan Mandiri Kreatif Indonesia, Indonésie
63. Yayasan Transformasi Lepra Indonesia, Indonésie

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