L'embauche des seniors ? La bonne variable d'ajustement

Sylvia Di Pasquale

Pour tenter de leur trouver du boulot, experts et communicants se creusent le ciboulot. Comment convaincre les entreprises d’embaucher des seniors, quand elles ne jurent que par les juniors ? On a presque tout essayé : expliquer en long, en large, et souvent en travers, que les quinquas sont aussi connectés que les geeks bourrés d’acné. On a aussi tenté de prouver qu’ils sont aussi dynamiques que le meilleur sauteur à l’élastique. Rien n’y fait. Leur taux de chômage a augmenté de 10,8 % l’an passé, près du double du reste de la population qui n’a subi une hausse « que » de 5,7 %.

Alors on se résigne à la casse ou on se décarcasse ? La première solution semble s’imposer, même si elle est cachée sous un épais maquillage de plans seniors successifs. Mais un DRH a peut-être l’idée, pragmatique, économique et efficace qui pourrait remettre en piste les plus de 50 ans qui stagnent dans les statistiques de Pôle emploi. Une idée que d’autres avant lui ont peut-être muri. Mais lui, en parle ouvertement, au détour d’une question du Club emploi de cette semaine.

Ce directeur des ressources humaines s’appelle Philippe Calmels et il est à la barre des RH du groupe Crédit du Nord, de ses 8 banques et de ses 9 200 salariés. Son idée est une véritable idée de crise, elle consiste à favoriser l’embauche des seniors pour une raison simple : la courte durée de leur présence dans l’entreprise, avant leur départ en retraite, est du pain béni pour ajuster naturellement les effectifs en période de faible croissance. « Nous avons un goût pour l’embauche des seniors, explique-t-il ici, nous le devons au management. On ne peut pas toujours repartir pour quarante ans avec tous les salariés, parce que la croissance n’est plus ce qu’elle était ».

Bien sûr on peut se draper et hurler. Se dire que les seniors sont une variable d’ajustement des effectifs d’une boîte puisque leur embauche génère un turnover naturel plus rapide. On peut aussi se réjouir et se dire que cette motivation d’embauche n’est pas moins recevable que celle qui consiste à embaucher des juniors parce qu’ils sont payés à des salaires inférieurs. Et, surtout, qu’elle peut permettre à des quinquas de se rendre utiles jusqu’à ce que l’heure de la retraite ait enfin sonné.

@Syl_Dipasquale 

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :