Jusqu'à récemment, les scientifiques portaient peu d'intérêt à l'activité du cerveau au repos. Mais en l'espace de quelques années, ils en sont venus à considérer qu'elle remplit des fonctions importantes, rapporte le Los Angeles Times.

Cette activité repose sur un réseau de cellules nerveuses situées dans des régions du cerveau éloignées les unes des autres qui s'activent à l'unisson. Ce réseau est appelé le réseau du mode par défaut.
Individuellement, les régions du cerveau qui composent ce réseau sont connues pour être actives lorsque les gens évoquent leur passé, se projettent dans le futur, imputent des motivations et des sentiments aux autres, et évaluent leurs valeurs personnelles.

Mais lorsque l'esprit vagabonde, ces structures s'activent à l'unisson et constituent l'état "neutre" du cerveau.

Certains estiment qu'étudier le cerveau au repos permettra d'explorer les mécanismes liés au concept de soi. Après tout, l'esprit dans ce mode erre rarement loin de soi-même. Ce qui contraste du fonctionnement lors de l'exécution d'un travail qui demande de la concentration: dans ce mode, l'introspection est supprimée ("nous nous perdons dans le travail"). Les images cérébrales montrent que le mode par défaut devient alors inactif et d'autres réseaux s'activent.

Le mode par défaut capture de nombreuses caractéristiques de la façon dont nous pensons à nous-mêmes, dit Marcus E. Raichle, neurologue de l'Université Washington à St. Louis, précurseur des études sur les images cérébrales du cerveau au repos. Mais, dit-il, jusqu'à très récemment, le flux de la pensée était une zone morte pour les chercheurs. De la même façon que les généticiens ont, pendant des années, rejeté le matériel génétique sans fonction connue comme étant de l'ADN inutile en surplus ("junk DNA).

Les travaux précurseurs de Raichle et d'autres ont montré que l'activité du cerveau au repos impliquait de façon consistante des régions qui individuellement ont des fonctions liées à la pensée sur soi. Il sont aussi montré que ces régions sont particulièrement vulnérables aux enchevêtrements, plaques et troubles métaboliques de la maladie d'Alzheimer, une maladie qui commence par enlever la mémoire puis le sentiment de soi.

Raichle soupçonne que pendant ces moments où la pensée dérive, le cerveau forme un ensemble de règles mentales sur le monde, en particulier le monde social, qui aident à naviguer dans les interactions humaines et rapidement donner un sens et réagir à l'information sans avoir à mener une réflexion complexe et consciente de toutes nos valeurs, attentes et croyances.

Ces raccourcis mentaux sont nécessaires parce que le cerveau ne peut traiter tous les détails disponibles aux sens à tout moment donné. Le réseau du mode par défaut, propose Raichle, conserve un modèle pratique qui permet de supposer beaucoup de choses sur soi-même et l'environnement.

Il mentionne une autre particularité du réseau du mode par défaut qui donne à penser qu'il joue un rôle central. Sa structure centrale a deux sources distinctes d'approvisionnement en sang, ce qui la rend beaucoup moins vulnérable que la plupart des autres régions aux dommages causés par un accident vasculaire cérébral.

Les chercheurs soupçonnent que le réseau du mode par défaut peut en dire long sur la santé mentale, basée sur des études au cours des trois dernières années qui suggèrent qu'il fonctionne un peu différemment chez les personnes souffrant de dépression, d'autisme et autres troubles.

Tout comme le sommeil semble jouer un rôle important dans l'apprentissage, la consolidation de la mémoire et le maintien des fonctions métaboliques de l'organisme, certains chercheurs se demandent si le temps mental non structuré, le temps pour se déconcentrer et rêvasser, pourrait également jouer un rôle clé dans pour le bien-être mental.

Psychomédia avec source: Melissa Healy, "An idle brain may be the self's workshop", Los Angeles Times
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