Douze jours après l'attentat meurtrier dans le centre de Bangkok, la police thaïlandaise a arrêté ce samedi un suspect voyageant avec un passeport turc. Voici quelques éléments concernant l'avancée de l'enquête.

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Que savons-nous sur l'homme interpellé?

Il a été interpellé dans un appartement de la banlieue est de Bangkok, Non Chok, un quartier à forte population musulmane, et inculpé pour possession de matériaux permettant de fabriquer une bombe. Il disposait de plusieurs passeports turcs. Le passeport turc d'un dénommé Adem Karadag, 28 ans, a été montré à la télévision, mais des vérifications étaient en cours samedi auprès d'Ankara quant à sa validité.

La police pense que l'homme est impliqué dans les deux attentats, celui qui a fait 20 morts le 17 septembre et celui du lendemain près du fleuve de Bangkok, qui n'a pas fait de victimes.

Quelles sont les zones d'ombre?

La police a évoqué samedi soir la piste d'une "querelle privée", jugeant "peu probable" la piste du terrorisme international, loin de l'hypothèse du "réseau" évoquée jusqu'ici par le chef de la police thaïlandaise Somyot Poompanmoung, qui estimait qu'il ne peut "pas avoir agi seul". La police a retrouvé des traces de TNT sur des vêtements chez lui et des éléments permettant de fabriquer une bombe, notamment des roulements à billes similaires à ceux utilisés dans l'attentat du 17 août.

Mais il n'a pas encore été identifié comme celui qui a déposé la bombe, dont le portrait-robot montrait un homme jeune, ce qui est son cas d'après les photographies diffusées par la police. Néanmoins, le portrait-robot a été établi à partir d'images de vidéo surveillance peu nettes et l'homme ayant déposé le sac suspect portait de grosses lunettes.

Quelles sont les pistes?

L'attentat, sans précédent et au scénario inédit dans la capitale thaïlandaise, n'a pas été revendiqué. Derrière la mystérieuse "querelle privée", évoquée samedi soir par la police, ne peut pour l'heure encore être exclue une motivation politique.

La piste d'un homme voulant se venger de l'expulsion en juillet par Bangkok d'une centaine d'Ouïghours, minorité musulmane turcophone opprimée en Chine, reste ouverte. En juillet, à l'appel d'une association oeuvrant en faveur des droits des Ouïghours, quelque 200 personnes avaient saccagé en juillet le consulat de Thaïlande d'Istanbul pour dénoncer la décision de Bangkok.

D'après les analystes, il est difficile d'imaginer que cette attaque soit le fait des opposants politiques à la junte au pouvoir en raison de l'ampleur de l'attaque et du lieu choisi. La police a rapidement affirmé que le mode opératoire ne ressemblait pas aux attentats fréquemment perpétrés dans le sud du pays par des insurgés musulmans.

Divers groupes de militants islamistes ont mené de nombreuses attaques dans d'autres parties d'Asie du sud-est, y compris sur l'île touristiques indonésienne de Bali en 2002 qui avait tué 202 personnes. Mais la Thaïlande n'a jamais été une cible. Les militants du groupe jihadiste Etat islamique ont souvent fait part de leur volonté de frapper hors de leurs bases. Mais ces réseaux revendiquent en principe leurs attaques rapidement après.

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