Seniors : la nouvelle ère du maintien à domicile

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les projections de l'Insee, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans passera de 5,2 millions en 2007 à 11,9 millions en 2060. Or, 8 Français sur 10 souhaitent leur maintien à domicile en cas de perte d'autonomie. Ce qui crée de nouveaux besoins en matière de biens et de services, avec l'invention de solutions innovantes dans le secteur industriel. Loin du spectre du fatalisme, la vieillesse constitue donc un formidable levier économique en termes d'emplois, de développement industriel et de croissance.

Autrement dit, c'est une chance à saisir. « Nous sommes à la veille d'un changement qui va impacter toute l'économie française et la transformer en profondeur. Il faudra bien nous y préparer », assure Luc Broussy, le président du Centre national de référence santé à domicile et autonomie (CNR Santé).

Cette activité économique dédiée à l'accompagnement des personnes âgées concerne autant les acteurs du secteur médico-social (associations, aides à la personne, Ehpad...) et les collectivités territoriales, que ceux issus du logement, de la santé, de l'urbanisme ou du tourisme... Le vieillissement impose ainsi d'adapter les transports, en privilégiant les solutions locales. C'est le cas de l'agglomération montargoise, dans le Loiret, qui a développé Moov'Amelys, un service de transport à la demande, qui récupère les intéressés à leur domicile pour les déposer à l'adresse souhaitée.

Fructueuses alliances

En parallèle, de nouveaux services de proximité voient le jour. La Poste propose Cohésio, une prestation innovante, qui va transformer en profondeur le métier de facteur. Il rendra visite aux gens à leur domicile, dans une logique de prévention et de détection des besoins, devenant ainsi un accompagnateur social. Le groupe expérimente actuellement le dispositif en Charente, en Charente-Maritime et dans la Vienne, en lien avec les pouvoirs publics, notamment les conseils généraux et les villes. Un service complémentaire auquel souscrivent également les mutuelles comme B2V, ainsi que les assureurs pour leurs clients.

Le groupe La Poste développe également une plate-forme numérique de programmation de services, proposant à différents opérateurs, qu'ils soient une association d'aide à domicile ou bien une start-up locale, de rendre visible leurs offres de services : livraisons de repas, de bien culturels, télémédecine, téléassistance... Un objet-robot en cours de conceptualisation - il pourra être installé par le facteur - connectera les clients et les intervenants à domicile à cette plate-forme. Un projet qui associe des experts scientifiques et industriels de la robotique, l'association Old Up, qui organise les expérimentations, le centre de recherche de l'hôpital Broca à Paris, la start-up Sharevoisin ou encore Cap digital, le pôle compétitivité de la transformation numérique.

Cette curieuse, mais fructueuse, alliance de ces différents acteurs se retrouve également dans le domaine de l'immobilier spécialisé. Tel est le cas des résidences « nouvelles générations » conçues pour le maintien à domicile. « Il est nécessaire de trouver des formules d'habitat qui respectent le besoin d'autonomie et de sécurité des personnes âgées, tout en leur proposant des services adaptés de proximité qui favorisent, entre autres, le lien social », souligne Christophe Briant, directeur d'études de Xerfi-Precepta, institut privé d'études économiques, spécialisé dans les analyses sur les secteurs et les entreprises.

La Villa Sully en est un parfait exemple. Le groupe GDP Vendôme, le spécialiste de la construction de maisons de retraite, s'est lancé dans la construction d'appartements intelligents, qui intègrent l'accès à une domotique technologique de pointe - détecteur de chute, chemin lumineux, télémédecine, surveillance des appareils électriques... - conçue avec la participation de start-up. Ces résidences proposent également des prestations, à la carte le plus souvent, comme, par exemple, les soins et la toilette à domicile ou le portage de repas. « Grâce au développement de ces nouvelles technologies, les professionnels de l'aide à domicile s'ancreront véritablement dans leur coeur de métier, celui de l'aide à la personne », constate Christophe Briant.