SCIENCE

Les bébés préfèrent la voix de leurs pairs

Les jeunes bébés préfèrent entendre la voix des autres bébés plutôt que celle des adultes. C’est à cette conclusion qu’en sont venus trois chercheurs en linguistique de l’UQAM et de l’Université McGill lors d’une étude menée auprès de quatre cohortes de nourrissons.

La professeure au département de linguistique de l’UQAM Lucie Ménard, la chercheuse principale Linda Polka et le doctorant Matthiew Masapollo de l’Université McGill ont publié le fruit de leur travail : « When infants talk, infants listen : pre-babbling infants prefer listening to speech with infant vocal properties », dans la revue Developmental Science.

Dans une vidéo de présentation, on voit nettement la différence de comportement lorsque bébé Camille entend une voix s’apparentant à celle d’un bébé par rapport à celle d’un adulte. Elle sourit et demeure attentive au son de l’enfant et détourne assez vite la tête quand elle entend la voix d’une femme.

« Leur préférence pour les voix de bébés nous suggère qu’ils peuvent être très actifs vocalement en écoutant une voix de bébé. Ça jouerait donc un grand rôle dans l’acquisition du langage. »

— Lucie Ménard, professeure au département de linguistique de l’UQAM

SONS DE BÉBÉS OU VOIX DE FEMMES

Les bébés étudiés sont âgés entre 4 et 6 mois, à un stade où ils commencent à peine à babiller. Ils ont été répartis en quatre cohortes, de 18 ou 22 nourrissons. Dans les quatre études, on a utilisé des voix artificielles qu’on a manipulées pour les faire ressembler à des sons de bébés ou des voix de femmes. Ces sons très réalistes ont été mis au point grâce à la technologie de synthèse.

« On a pris la voyelle “i”, une des voyelles les plus fréquentes dans toutes les langues du monde. Le bébé regarde 40 % plus l’écran en face de lui quand il est accompagné d’une voix de bébé », précise la chercheuse.

Cette recherche serait une des premières à démontrer un si grand intérêt des poupons face à des voix d’enfants. « On se rend compte qu’avec cette étude, on pourrait soupçonner plus facilement de la surdité chez un bébé, s’il ne réagit pas à ce type de voix d’enfant », conclut la chercheuse.

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