Droit de suite

L'instituteur poursuivi pour avoir inventé son agression relaxé pour vices de procédure

En décembre, il avait affirmé avoir été agressé par un homme se réclamant de l'Etat islamique, avant d'avouer avoir menti, puis de se rétracter.
par AFP
publié le 12 février 2016 à 14h24

L'instituteur jugé pour avoir inventé une agression par un homme se réclamant de l'Etat islamique (EI) dans son école d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) mi-décembre a été relaxé vendredi par le tribunal correctionnel de Bobigny pour vices de procédure. Le tribunal a notamment annulé les procès verbaux d'audition, recueillis par des policiers alors que le prévenu se trouvait à l'hôpital sous morphine, sans avocat, frappant ainsi l'ensemble de la procédure de nullité.

L'instituteur de 45 ans était accusé de dénonciation de crime imaginaire, pour avoir raconté avoir été attaqué au cutter un matin dans sa classe par un homme qui lui aurait lancé : «C'est Daech, c'est un avertissement».

«Je suis heureux, on m'avait fait changer de version car j'étais sous morphine, je le maintiens : j'ai bien été agressé, a réagi le prévenu à l'énoncé du jugement. J'espère reprendre mon boulot dès que j'irai mieux».

Lors de son procès fin janvier, cet enseignant en poste depuis 22 ans dans la même école maternelle de banlieue parisienne, dont les cheveux blancs sont noués en queue de cheval, n’avait pourtant pas réussi à convaincre le parquet de la réalité de son agression. Deux à trois mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende avaient été requis contre lui.

Suspendu depuis les faits par l'Education nationale et poursuivi pour «dénonciation mensongère à une autorité judiciaire ou administrative entraînant des recherches inutiles», il risquait jusqu'à six mois de prison et 7 500 euros d'amende, ainsi que la révocation. Le procureur avait reproché au prévenu d'avoir créé un «traumatisme inhumain» chez les parents d'élèves, alors que le pays était sous le choc des attentats du 13 Novembre, en racontant avoir été violemment agressé dans sa salle de classe, vers 7 heures. Le récit de cette agression avait d'autant plus glacé d'effroi que des menaces avaient été proférées peu de temps auparavant par l'organisation jihadiste contre le corps enseignant.

Alors qu’il était soigné à l’hôpital pour une blessure superficielle à l’abdomen et au cou, l’enseignant avait avoué le jour même aux enquêteurs s’être automutilé pour dénoncer l’insuffisance des mesures de sécurité à l’école. Avant de revenir sur ses aveux lors de son procès.

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