/sports/opinion/columnists
Publicité

Compétiteur hors pair

SPO-HOCKEY-CHI-MTL
L’entraîneur en chef des Blackhawks, Joel ­Quenneville, a vanté les qualités de compétiteur d’Andrew Shaw (no 65). Photo d'archives


BUFFALO | Le métier permet parfois de faire des rencontres fortuites intéressantes. Vendredi soir, je suis tombé sur Joel Quenneville à l’hôtel. Vous auriez dû voir son expression quand je lui ai demandé s’il était déçu d’avoir perdu les services d’Andrew Shaw. L’image valait mille mots.

Le triple vainqueur de la coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago a regardé vers le ciel avant de porter une main devant ses yeux.

«Ce gars-là est un sacré compétiteur!» a-t-il lancé.

«Pas besoin de lui pousser dans le dos. Il se présente pour jouer à tous les matchs.»

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres. Michel Therrien est sûrement ravi d’accueillir Shaw au sein de sa troupe.

Les gardiens adverses vont avoir l’impression de voir double lorsqu’ils affronteront le Canadien l’hiver ­prochain.

Brendan Gallagher par-ci, Shaw par-là, ils ne sauront plus où donner de la tête.

Méfaits du plafond salarial

Shaw est le deuxième joueur que les Hawks doivent laisser partir en raison de contraintes liées au plafond salarial au cours des derniers jours.

La semaine dernière, ils ont échangé le jeune Teuvo Tevarainen aux Hurricanes de la Caroline.

Ainsi vont les choses dans l’ère du plafond salarial.

Les équipes mettent en place un noyau de joueurs qu’elles entourent de joueurs de soutien qui viennent et qui s’en vont au gré des exigences du système ­économique de la Ligue nationale.

On comptait 13 nouvelles figures entre les éditions championnes des Hawks de 2010 et 2013. Puis, dans les deux années qui ont mené à leur troisième championnat en six ans, 16 changements avaient été apportés à la formation.

C’est du sport !

Sergachev pourrait monter vite

Passons maintenant à Mikhaïl Sergachev, premier choix au repêchage du Tricolore cette année.

Avant de jaser avec Quenneville, j’ai partagé un taxi avec Dale Hawerchuk, ancien joueur de la LNH ­membre du Panthéon du hockey.

Entraîneur des Colts de Barrie, de la Ligue de l’Ontario, l’ex-joueur de centre des Jets, des Sabres, des Blues et des Flyers était accompagné de son directeur général Jason Ford. Ils ont vu jouer Sergachev à quelques reprises avec les Spitfires de Windsor.

Les deux ont été très élogieux à l’endroit du défenseur russe, qui célébrait son 18e anniversaire de ­naissance hier.

À 6 pieds 2 pouces, 221 livres, Sergachev est doté d’un gabarit qui pourrait accélérer son ascension vers la LNH.

«Tout à fait, a acquiescé Hawerchuk. J’ai noté une grande amélioration chez lui dans les deux matchs où je l’ai vu à l’œuvre durant la dernière saison. La première fois, on pouvait voir qu’il était en période ­d’acclimatation dans son nouvel environnement.

«La deuxième fois, il était complètement métamorphosé. Il avait pris de l’assurance à tous les niveaux. C’est un joueur qui pourrait facilement percer dans la Ligue nationale dans deux ans.»

Émule de Markov

L’ancien gardien Phil Myre, qui a travaillé pour ­plusieurs organisations de la LNH et qui se trouvait à ­Buffalo en fin de semaine, est du même avis.

«Il pourrait jouer avec le Canadien dans deux ans, mais on sait aussi que c’est différent à Montréal», a-t-il ajouté.

«Sergachev est fort comme un cheval. Il est solide sur ses patins. J’ai vu des joueurs qui le frappaient se ­retrouver les quatre fers en l’air.

«Par contre, il est un peu passif en zone défensive. Tu aimerais parfois qu’il déploie plus d’agressivité.»

Mais c’est le genre de chose qui peut se corriger avec le temps.

En principe, Sergachev se veut le dauphin d’Andreï Markov, dont la prochaine saison sera la dernière à son contrat. Le doyen des joueurs du Canadien aura 38 ans à la fin de l’année. Il en est à ses derniers milles.

Myre voit d’ailleurs des similitudes entre les deux.

«Comme Markov, Sergachev est capable de dicter ­l’allure du jeu», a-t-il souligné.

«Il possède la capacité de ralentir le jeu, comme le fait Markov.»

Et Markov avait été sélectionné au 162e rang.

Quand on dit que le repêchage n’est pas une science exacte.

Que du positif, donc, au sujet de Shaw et de ­Sergachev.

Évidemment, il ne faut pas s’emballer trop vite. Si on sait ce que Shaw apportera au Canadien, Sergachev a du chemin à faire. Le temps dira quelle sorte de ­défenseur il deviendra dans la grande ligue.

Mauvais week-end de la fête nationale

Le Canadien rentre du repêchage sans un seul joueur québécois. Dommage, très dommage. Mais il faut dire aussi qu’il ne s’en est pas repêché beaucoup chez les autres équipes non plus.

Huit Québécois seulement ont été choisis parmi les 211 joueurs sélectionnés, pour un maigre pourcentage de 3 pour cent.

Au total, 14 joueurs de la Ligue junior majeur du Québec ont trouvé preneur, ce qui représente un pourcentage de 6,6 pour cent. Il s’agit de la pire récolte du circuit québécois depuis 25 ans.

Peut-on encore dire que c’est une question cyclique quand on sait que la représentativité québécoise n’a jamais été aussi basse dans la Ligue nationale?

Quelle année pour Dubois !

La bonne nouvelle est que Pierre-Luc Dubois a été le troisième appelé, un sommet pour le Québec depuis 2013, alors que Jonathan Drouin avait été repêché au même rang par le Lightning de Tampa Bay.

Dubois a connu une ascension fulgurante au cours de la dernière campagne.

À la mi-saison, il était classé septième chez les patineurs nord-américains. À la fin de la campagne, on le retrouvait en tête, une première pour un joueur québécois depuis Vincent Lecavalier en 1998.

Les choses auraient pu se passer autrement pour le Canadien. Trevor Timmins n’a pas caché que la transaction dans laquelle Marc Bergevin a cédé les deux choix qu’il détenait en deuxième ronde pour mettre la main sur Andrew Shaw avait chamboulé ses plans.

Loin du mandat

Le directeur du recrutement du Tricolore avait les yeux sur ­Samuel Girard, défenseur des ­Cataractes de Shawinigan.

Par contre, Bergevin avait la chance de mettre la main sur un joueur qui peut aider son équipe immédiatement.

Cela dit, on peut se demander pourquoi le Canadien ne priorise pas des Québécois au lieu de joueurs étrangers dans les rondes ultérieures.

On est loin du mandat de ­fondation de l’entreprise.

Publicité

Publicité


Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.